Inactu



En langage médiatique, l'actu, c'est le point où il faut regarder... Une sorte de diktat qui voile bien des choses d'une actualité aussi légitime, mais qui échappent aux feux de la représentation du monde.  Le monde, pendant ce temps produit de belles choses et de sanglantes catastrophes. Peu importe, sa majesté l'actu passe son chemin sur nos écrans, dans nos écrits et formate nos regards.
Ici, un rendez-vous avec l'inactu, un présent que nous côtoyons ici et là et qui nous frappe par son importance parce que nous nous y arrêtons par le regard, la parole et la pensée. Autrement dit, ce que NOUS voyons et dont nous prenons conscience.
Nietzsche, après la Naissance de la tragédie s'est attaqué à une oeuvre polémique qu'il a nommée Unzeitgemässe Betrachtungen, traduite en Considérations inactuelles ou Considérations intempestives en français.
La première traduction m'a toujours inspirée cette idée que le regard est une responsabilité qui crée l'actualité plutôt que l'inverse. La responsabilité d'une pensée qui découle de la décision même de porter le regard et où.

Inactu quatrième

Une télévision afghane, Tolonews, montre un reportage sur les madrassas au Pakistan, où il y a une partie spéciale des études portent sur la formation de talibans avec pour visée de se battre en Afghanistan. On y apprend également l'électronique et Internet. Il y a 16 mille de ces écoles.
Bonne nouvelle provoquée par la médiatisation du "mariage" d'une petite fille afghane de huit ans avec un garçon de douze ans. Les autorités ont fait une enquêtes. Les femmes se battant par les droits humains et les droits des femmes sont intervenues et ont mis la petite fille, avec sa grande soeur en lieu sûr.
Le père dit avoir consulté un mollah qui lui a dit que c'était juste d'après la loi islamique. La loi afghane a fixé la majorité à 18 ans. Ce qui est la règle pour le droit de vote devrait l'être aussi pour le mariage.


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Inactu troisième

Le 12 août, c'est la journée internationale de la jeunesse. Passée sous silence dans les priorités médiatiques. Merci la Télévision afghane Tolonews d'avoir organisé un débat avec la présence de jeunes Afghans. Les statistiques mondiales disent que un-e jeune sur cinq a des maladies psychiques. En Afghanistan, deux jeunes Afghans sur cinq se confrontent à ces maladies. Dans le pays, 68% de la population a moins de 25 ans. Je ne comprendrai jamais pourquoi, on fête la journée internationale de ceci ou de cela et qu'on oublie quasiment les problèmes de nos jeunesses. Serait-ce parce que les manques que nous offrons à la jeunesse nous donnent un sentiment de culpabilité.
Si le niveau de l'étude est très en progression chez les jeunes Afghans et Afghanes. Ensuite, la rareté ou l'absence de travail rend la situation grave.
Voyons plus loin que notre nez! Médiatiquement aussi!
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Inactu deuxième

Les pleurs sont dans l'air, dans la poitrine, dans l'âme. Pourquoi et pour qui pleurons-nous? Pour les enfants de Gaza, pour les enfants qui meurent de faim, ceux qu'on envoie en guerre, ceux qu'on exploite, ceux dont on gave le cerveau de violence? Il y a bien sûr les femmes, les personnes de tous âges, y compris le troisième et le quatrième, dont on dit "pudiquement" qu'on pense à leur avenir, étant donné que le présent est déjà surpeuplé. La violence est aveugle et nous fermons les yeux pour crier halte à la violence!
Depuis une année, je suis chaque jour les nouvelles de l'Afghanistan et chaque jour, femmes, hommes, enfants meurent dans des attentats. Des victimes sans nom. On donne un chiffre global, sans préciser combien d'enfants perdent la vie. Je n'ai pas le courage de compter ces morts civils innocents dont les assaillants occupent les maisons.
Aujourd'hui, une parlementaire afghane pleurait en disant que l'on parlait de Gaza, que c'était horrible, mais que nos propres morts étaient oubliés. Sous décision de son Président, l'Afghanistan a versé un demi-million pour aider la Palestine. Et les Afghans meurent sous les attentats. Soldats et civiles y compris. Mais chaque goutte d'empathie compte. Que dire, que penser de ce monde devenu un charnier dont le sens de l'humain est absent.
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Inactu première

C’est très tendance de toujours être sous le joug de l’actu – par ailleurs l’abréviation fait très « mode ». Présenté comme urgence perpétuelle, elle occulte souvent des choses essentielles qui perdent de leur présence. On fait comme si l’actu commandait, alors qu’elle est un choix. L’Inactu est un projet que je médite depuis longtemps. Elle se composera de regards sur ce qui apparaît de manière oblique mais qui constitue une actualité importante quelque part dans le monde.
Il y a des pourparlers entre le gouvernement afghan et le Qatar pour que des Afghans puissent aller travailler au Qatar. La crise produite par le deuxième tour des élections agite le pays et la pauvreté et le chômage a une dimension gigantesque. Dans ce contexte, l’ouverture du Qatar passe inaperçue. Il y aurait une difficulté, car le Qatar n’a pas d’ambassade en Afghanistan. Je suis naturellement optimiste d’ordinaire, mais lucide. Plutôt que de s’occuper du manque de travail en Afghanistan, on envoie les gens travailler dans des conditions que l’on sait. Ils ne pourront plus rentrer au pays sans l’assentiment de l’hôte, puisqu’on leur prendra leurs papiers et on les exploitera.
Le Qatar est tout de même le pays qui a accordé sur son sol une ambassade aux Talibans. Serait-ce une manière de transformer idéologiquement ces travailleurs ? Il faut penser que les réfugiés afghans ont besoin qu’on les défende, en Iran, on les traite en sous-hommes. Au Pakistan, on les a transformés en talibans sauvages et sans loi pour les retourner contre l’Afghanistan. Ce grand pays a besoin que ses autorités crient contre les injustices que subissent ses ressortissants. Cela n’est pas le cas. Les deux chambres afghanes interviennent en ce sens au parlement et demandent au gouvernement d’agir en ce sens.

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